Les ruisseaux
Tous les ruisseaux se noient dans l’aube et
Apparaissent au loin, translucides,
Telles des myriades d’étoiles s’écrasant
Lestement, violemment. Je les vois !
Ils courent à leur perte, illusionnés
Las, c’est leur déchéance. Malhabile
Leur espoir ! Les voilà pourchassant
Ce qu’ils ont crus ! Mots doux dans ta voix !
Alors les lilas se fanent, et puis ?
Le saule-pleureur écrit l’épitaphe
De ce que fut ma peine, mon amour
Tu y as inscrit ma croix, mon cri !
Me voilà toute mouillée, de l’eau oui
De l’eau jusqu’au cou, comme une baffe
Me voilà ko ; rien alentour ?
Oh ! Que l’aube devienne mon seul abri !
Mon corps flottant ça et là, idiot
Il se cognera contre ton pont
Encore et encore, si pauvre, si frêle
Les os, tous les os, brisés menus.
Par-dessus ma tête se trouvera l’eau
Sera-t-il le bonheur des poissons ?
Mes cheveux - les verras-tu - s’emmêlent
C’est mon cœur ! C’est pour toi qu’il s’est tu !